De gauche à droite, Claude Schopp animait le débat avec Patrick Roulé, Marcel Rogemont, Daniel Delaveau, Stéphane Martin.
Trois priorités principales s'imposent à tout citoyen : le logement, la santé, l'emploi. Pour certaines familles les problèmes liés à ces trois réalités se cumulent. Pour tous les intervenants, le logement est primordial. Ce débat prolonge l'article "Habiter à Villejean : face aux difficultés, ils réagissent"
La demande de logement HLM : +30% en deux ans
La question du logement la plus visible concerne les sans-abris : « Rennes compte entre 200 et 300 personnes à la rue », précise Stéphane Martin : le 31 avril 2022, le 115 ne pouvait répondre à 65% des demandes. Trois réponses possibles à ces demandes : l'hébergement de nuit, l'accueil en foyer (quelques jours) et les pensions de familles, pour plus longtemps. Toutes ces solutions exigent davantage de places et une augmentation du personnel d'accompagnement. Mais se loger pose aussi problème aux demandeurs de logement HLM : la demande a augmenté de 30% en deux ans en Bretagne. «Il y a douze ans, la demande de logement sociaux s'élevait à 12000 en Bretagne, elle atteint 25000 en 2022» insiste Daniel Delaveau. S'y ajoute l'augmentation du prix des loyers dans le secteur social et surtout dans le secteur privé. Des attaques contre le logement social
Le logement social présente pourtant de nombreux avantages : il sort les familles de la précarité. Elles bénéficient alors d'un logement à durée indéterminée. Pour elles, «c'est un outil de promotion sociale». En plus d'un avantage économique le logement social est «un acteur de promotion individuelle», note une participante.
Des aides spécifiques existent pour les salariés grâce à Action Logement (4) . A Rennes Métropole, la priorité d'Action Logement va aux jeunes salariés et aux saisonniers. « Sur 600 logements aidés en 2021, la moitié est allée aux jeunes, avec un accompagnement », raconte Patrick Roulé.
Une densification inéluctable
«Le seul avenir de la ville c'est densifier» Marcel Rogemont argumente : «quand on détruit 100 logements, on en construit 30. Le développement autonome des villes repousse les gens vers l'extérieur», et ce sont les catégories sociales les plus pauvres. Il semble entendu par tous les intervenants : la densification de villes comme Rennes est inéluctable pour éviter de consommer de nouvelles terres agricoles. Une certaine densification, pourquoi pas ? Mais n'est pas abordée l'une des solutions aux besoins de logement : l'aménagement du territoire. Il s'agirait là d'une politique nationale et régionale. Pourquoi construire de plus en plus de logements dans les grandes villes et pas dans les villes moyennes, nombreuses dans la région ? Parce que l'emploi se concentre dans les métropoles ? C'est vrai, si le « laisser-faire » domine. Mais une vraie politique d'aménagement du territoire pourrait inciter les entreprises à s'installer à Redon ou Fougères... plutôt que dans la métropole rennaise. Parions que les logements et les familles y suivraient l'emploi...
Mais, c'est dommage, peu d'habitants de Villejean ont participé au débat. Et les sujets brûlants du quartier n'ont pas été abordés : comme par exemple, les problèmes liés aux colocations étudiantes, ou les alternatives aux constructions de grande hauteur...
Jean-François Bourblanc
(1) Mercredi 18 mai à la Maison de Quartier de Villejean, avec Claude Schopp, Pacte du pouvoir de vivre, Patrick Roulé, Action Logement, Cfdt. Marcel Rogemont, Fédération nationale des offices HLM. Daniel Delaveau, Fédération des acteurs de la solidarité Bretagne. Stéphane Martin, Fondation Abbé Pierre pour le logement,
(2) Votée en en 2014 la loi Pinel a pour objectifs de favoriser la construction de logements neufs, dans le secteur privé, d'encourager l'investissement par un avantage fiscal, et de permettre aux revenus intermédiaires d'accéder à des logements de qualité
(3) Les logements PLS, financés par le Prêt Locatif Social, sont attribués aux candidats locataires ne pouvant prétendre aux locations HLM, mais ne disposant pas de revenus suffisants pour se loger dans le privé.
(4) Action logement « Faciliter le logement pour favoriser l'emploi » (anciennement 1% patronal) est un dispositif d'aide au logement pour les salariés. Il est financé par la participation des employeurs à l'effort de construction
(2) Votée en en 2014 la loi Pinel a pour objectifs de favoriser la construction de logements neufs, dans le secteur privé, d'encourager l'investissement par un avantage fiscal, et de permettre aux revenus intermédiaires d'accéder à des logements de qualité
(3) Les logements PLS, financés par le Prêt Locatif Social, sont attribués aux candidats locataires ne pouvant prétendre aux locations HLM, mais ne disposant pas de revenus suffisants pour se loger dans le privé.
(4) Action logement « Faciliter le logement pour favoriser l'emploi » (anciennement 1% patronal) est un dispositif d'aide au logement pour les salariés. Il est financé par la participation des employeurs à l'effort de construction
Le logement en Bretagne
L'article ci-dessus cite de nombreux chiffres. Pour l'alléger, nous avons regroupé quelques informations complémentaires.
En Bretagne, 340 000 ménages sont en précarité énergétique. Pour transformer un logement du parc public des classes d'énergie E, F ou G en logement de classe A il faut investir 80000€. Pour améliorer tous ces logements, les investissements des HLM devraient être multipliés par quatre.
Compte tenu de l'augmentation de coût de production d'un logement, dans le secteur public, aujourd'hui, on construit moins : 1250€ le m2 en 2018, 1900€ en 2022.
En Bretagne, en moyenne sont construits 4800 logements par an, 12% sont des logements sociaux notamment grâce à la mobilisation des élus .